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Aux sources du triangle, Extrait: page 83-84

Publié le par Peguy Takou Ndie, Ecrivain

La mort de Maï

La salle, jusque-là en prière, se plongea dans un vacarme de pleurs et de cris. Le fils qui jusqu’alors s’était tu comme pour mieux écouter les conseils de sa mère et les imprimer en lui, explosa. Des cris de douleur, de colère, d’indignation et de surprise attirèrent tout le village. Ce fut un deuil général. Tous compatirent, tous voulurent voir le petit garçon qui vint au monde en provoquant d’atroces souffrances à sa maman. Tous voulurent le porter dans les bras. Tous souhaitaient force et courage au père dont la tâche on le savait, devait être ardue. Toutes les femmes lui proposèrent leur aide et leur soutient.

Mais Tsama était loin de penser à l’avenir en ce moment, son passé et son avenir, son destin et sa vie était là sans vie. Il ne put s’empêcher d’imaginer que Maï serait peut-être encore en vie s’il n’avait pas quitté le village. Etait-ce son péché inexpié qui lui ravissait l’amour de sa vie ? Il jeta un coup d’œil sur son visage paisible même dans la mort et pensa qu’elle avait été heureuse de vivre à ses côtés. Il serra fortement sa femme inerte contre sa poitrine. Tantôt en trépignant de douleurs, tantôt en la berçant comme si elle dormait et devait ouvrir les yeux d’un instant à l’autre. Dans son fort intérieur il espérait bien un miracle. Ses larmes comme venant d’un puits intarissable, inondaient son visage. Les souvenirs de tant d’années passées près d’elle peignaient comme un tableau son esprit. La joie qu’il avait eue auprès d’elle n’avait pas de comparaison. L’amour qu’il éprouvait pour elle était plus grand que l’univers. Mais en ce moment, il se transformait en douleur, en un supplice immense qui n’avait d’égal que l’affection qu’il vouait à sa bien-aimée maintenant inerte.

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