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Extrait: Le fardeau de nos pères, bientôt disponi

Publié le par Peguy Takou Ndie, Ecrivain

Deuxième stèle

 

Mbakoua lui aussi avait remarqué ce rapprochement excessif entre son petit frère et sa fiancée. Il manifesta sans relâche sa jalousie, menaça son frère de mort, le provoqua à la lutte plusieurs fois. Il fomenta des complots contre Tsama. Mais rien ne découragea le jeune homme fou d’amour pour la fiancée de son frère. Mbakoua réalisa très vite que les choses lui échapperaient s’il ne prenait pas le taureau par les cornes. La tournure des événements le détermina à agir. Il prit la décision d’aller rencontrer son beau-père et de demander officiellement la main de Maï. Il convainquit son père qu’il était prêt à l’épouser. Tous les deux vinrent trouver le beau-père chez lui et le père manifesta son intérêt.

  • Mon cher ami, commença le géniteur, je suis heureux de me retrouver ici dans cette merveilleuse maison où plusieurs fois tu m’as reçu. Mais aujourd’hui, la raison de ma visite est particulière. Il y a des années mon regard s’est attardé sur ta jeune fille et j’ai trouvé qu’elle ferait pour l’un de mes fils une bonne épouse. J’ai choisi pour elle, le plus courageux d’entre eux pour qu’il sache la protéger. J’ai élu le plus fort et le plus responsable pour qu’elle ne manque de rien.

Il jeta un regard sur Mbakoua qui secouait la tête de fierté avant de froncer les sourcils quand il entendit la réponse du chef.

  • J’aurais préféré le plus faible, mais le plus amoureux, répondit le futur beau-père dans un éclat de rire.

Tout en notant du coin de l’œil l’embarras de Mbakoua, il croisa les doigts sur ses genoux et laissa son ami poursuivre :

  • Mbakoua, mon fils héritier que voici rassemble en lui toutes les qualités que peut rechercher une femme. Il est aussi fort qu’un taureau et tous dans ce village reconnaissent sa bravoure et sa finesse. Combien de singes a-t-il ramenés tout seul de la chasse ? Quel archer de ce village peut prétendre le défier ? Son flair pour la chasse est respecté même des plus vieux. C’est à cet être comblé des dons des ancêtres que je voudrais que tu accordes la main de ta fille Maï.

Tout près d’eux dans la cuisine, la cousine de Maï la tapota en disant :

  • Maï ton mari est là, bientôt, tu seras une femme mariée et influente. Mais en fait, je me disais que c’était l’autre que tu allais épouser. Je suis étonnée qu’il ne soit pas venu avec son père. Comment peut-il rester sans réagir. Hé, dis-moi un peu ce qu’il fait ! Je vous vois toujours si amoureux ! Votre relation n’était donc qu’un feu de paille !

Maï se retourna, furieuse. Elle planta son regard froid dans celui de sa sœur qui, hébétée, bafouilla quelques mots d’excuse. Elle le transperça encore durant d’interminables secondes et détourna son regard d’elle. Sa cousine en fut étonnée. Elle n’avait jamais vu un tel regard, elle ne l’avait jamais vue si triste. Elle qui était du genre à prendre tout pour des plaisanteries. Elle qui trouvait le bon dans le mauvais avant d’y trouver le mal. Elle qui avait un sourire ravageur qui calmait les colères les plus meurtrières. Elle lut dans ses yeux une indicible tristesse. Le regard qu’elle venait de dégager d’elle semblait dire : « si tu pouvais te mettre à ma place ».

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