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Aux sources du triangle, Extrait: page 143-144

Publié le par Peguy Takou Ndie, Ecrivain

Samba visite son grand-père

  • Mon fils, tu es devenu un garçon très malin. Tu changes de sujet pour ne pas m’offrir ce qui m’est dû qu’à cela ne tienne, je suis heureux que tu te préoccupes de ma santé. Vois-tu mon fils, il y a une maladie qui me tenaille depuis longtemps, je pense que je vais aller bientôt retrouver mes ancêtres mais je ne m’en plains pas je crois que j’ai bien roulé ma bosse. Bien que je sois devenu l’ombre de moi-même, c'est-à-dire, une pâle copie de ce que je fus, j’ai encore les ancêtres merci, la force de sillonner le village. Je ne suis pas comme certains paresseux qui disent ne plus trouver l’énergie suffisante pour se déplacer, dit-il en faisant à l’intension de Samba des mouvements de la bouche et des yeux vers le grand-père allongé sur son lit.
  • Je préfère attendre la mort sur ce lit que de me pavaner à longueur de journée pour mendier aux portes des veuves, balança le grand-père en guise de réponse aux propos outrageux du visiteur.
  • Je ne mendie pas mon frère, au contraire je m’empresse de répondre aux invitations de ces femmes abandonnées à elles-mêmes. Contrairement à toi, je n’ai rien perdu de ma vigueur de naguère. Je suis tel un four qui produit la chaleur dont elles ont besoin. Je suis telle une fleur qui encense de son odeur chacune d’elle.
  • Et tu finiras comme Obam, un matin l’on te retrouvera sans vie sur le lit de l’une de ces femmes, quelle honte !
  • Obam était un faible moi, je suis robuste.
  • Pourtant tu n’es plus que l’ombre de toi-même et la maladie te tenaille, ricana l’autre.

Surpris par leurs attitudes, les deux garçons assistèrent pendant une poussière de minutes à l’algarade des deux hommes. Ils restèrent stupéfaits quand les deux vieux voulurent se lever pour en découdre. Mais dès le premier geste, ils se rendirent compte de la fragilité et de la précarité de leur condition, ils se reprirent alors en réalisant que leur attitude confinait à l’absurde et éclatèrent de rire en maudissant la vieillesse...

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