Troisième complainte : ces choses qui me manquent
Mon chez-moi me manque
Mon pays me manque
Avec les bruits de ses marchés
Plus précis que le chant matinal du coq
Avec les vrombissements de ses motos taxis
Pilotées par les jeunes sans permis de conduire
Avec le craquement des pousse-pousse vétustes
Que halent depuis vingt ans des vieux retraités
Oui, mon pays me manque
Avec sa poussière, artiste incomparable
Qui peint de main de maître chaque trait de l'environnement
Je suis privé des mares d'eau sales
Qui servent à nettoyer les voitures
Je suis privé de ces enfants sans culottes
Qui courent les rues à la recherche d'un emploi
Je suis privé des marchandises
Que l'on partage avec les mouches
Je ne peux plus voir la rivière colonisée par les algues
Où les poissons et les bouteilles se partagent les repas
Je ne peux plus entendre le sifflet du policier
Qui partage avec le voleur l'argent qu'il dérobe au pauvre
Je suis si loin de ma terre chérie
Mais chaque jour, je pense à elle
Je suis si loin d’elle et je me meurs
Hélas, je ne peux rentrer, sinon ils me tueront
Ma vie est désormais posée sur un fil de nylon,
Suspendu au-dessus d'un abîme
Et la lame tranchante qui descend sans arrêt vers moi
Est tenu avec deux doigts par mes ennemis
Ma vie à laquelle je tiens tant
Est placée comme un œuf sur une corde raide
Je lève les yeux et j'aperçois dans mon ciel obscur
Le visage ensanglanté du RDPC
Qui approche près de mon fragile support
Le feu de l’abîme qu'il héberge entre ses mains sales
Ce feu grâce auquel il brûle les espoirs des jeunes
Muselés, bridés, jugulés, garrottés jusqu'aux os
Espoirs rassemblés avec frénésie
Dans la petite marmite que les doigts du RDPC
Avec puissance maintien depuis des générations
Sur la flamme du pouvoir qui consume les hommes sans rien
Sur la flamme du pouvoir qui consume femmes et enfants
Sur la flamme vampire qui se nourrit du sang du peuple
Livré à la fournaise ardente du partie du feu
Comme un charbon qui fait vivre une industrie...
Extrait du recueil de poèmes "les complaintes de l'exilé"