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Le pangolin : Une espèce menacée d’extinction en Afrique Centrale ; le cas du Cameroun

Publié le par Peguy Takou Ndie, Ecrivain

Le pangolin est un mammifère insectivore édenté dont le corps est recouvert d'écailles. On le retrouve dans les régions équatoriales et tropicales d'Afrique centrale et d'Asie du Sud-est. Cet animal a été longtemps chassé en Asie pour ses écailles et pour sa chair qui aurait des vertus thérapeutiques. Dès que l'homme a compris que les écailles et la chair de cet animal solitaire pouvaient rapporter gros, il s'est lancé à sa poursuite à telle enseigne que l'espèce a très vite été menacée d'extinction en Asie du Sud-est. Aujourd'hui encore, le pangolin, un animal étrange, est pourtant prisé dans les marchés africains, européens et asiatiques. Sa chair se vendrait au marché noir en Europe et notamment en France à plusieurs centaines d'Euro.

Le commerce fructueux du Pangolin étant devenu particulièrement dangereux dans le continent asiatique, les hommes d'affaire véreux, désireux de s'enrichir à tout prix, ont trouvé le moyen de contourner l'interdit. Pour poursuivre leur commerce avec le moins de risque possible, ils se sont tournés vers le continent Africain.

En effet, en Afrique, cohabitent plusieurs espèces de Pangolin : Manis temminckii, Manis tetradactyla, Manis tricuspis et Manis gigantea le fameux pangolin géant qui peut peser dans les 35 kg et mesurer jusqu'à 150 cm. Le pangolin géant est une espèce protégée au Cameroun ce qui n'empêche malheureusement pas le braconnage dont il fait l'objet. Les petits pangolins sont encore libres de chasses. La menace qui pèse sur ces petits animaux inoffensifs pour l'homme est très sérieuse.

En effet, le commerce illicite de leurs écailles et de leur chair reste un risque en Asie. Il fallait s'attendre à ce que le pôle de la chasse change. Les nouvelles zones de braconnage sont désormais les pays de l'Afrique Centrale et certains pays de l'Afrique de l'Ouest. Une grande société opère dans l'ombre. Elle recrute des agents : fonctionnaires, travailleurs ou chômeurs et les charge de recruter à leur tour d'autres personnes pour récupérer dans les brousses et des villages des régions de l'Est et du Sud d Cameroun les écailles de ces animaux.

Ce commerce qui était encore inconnu il y a quelques années, a pris un essor effrayant ces huit derniers mois. Le pangolin était jusqu'à cette date un animal paisible qui n'était chassé que pour sa chair par les populations autochtones. Dans ce cas, il pouvait mener une vie tranquille puisque les chasseurs de la forêt avaient plusieurs paniers de viande et plusieurs biens substituts comme les lièvres ou les biches. Il faut bien comprendre que les villageois des principales zones de commerce que sont Bertoua, Belabo, Batouri, Yokadouma, Yoko, Nanga-Eboko, Ebolowa, Abong-bang, Lomié et j'en passe ignoraient qu'un tel commerce était possible. Dès qu'ils ont eu vent de ce trafic lucratif, ils se sont lancés dans la chasse du précieux animal aidés des braconniers dont la devise est de s'enrichir à tout prix. En quelques mois, le nombre de pangolins tué est parti de moins d'une cinquantaine à des milliers. Toutes les semaines, les agents sur le terrain sont capables d'amasser et de vendre sur toute l'étendue du territoire camerounais plus de 2 500kg soit 2,5 tonnes d'écailles de pangolin. Soit quelque 10 tonnes d'écailles par mois. En sachant que les écailles d'un pangolin adulte pèsent environ 275 à 350 grammes et celles d'un jeune pangolin 175 à 250 grammes. Nous pouvons rapidement faire le calcul. Il faudrait environ 3 à 4 pangolins pour un kg d'écailles et 3 000 à 4 000 pangolins pour une tonne d'écailles. Soit 7 500 à 10 000 pangolins tués par semaine et approximativement 30 000 à 40 000 pangolins tués par mois. Rappelons que ceci n'est qu'une estimation basée sur les données que j'ai eues. Il se pourrait bien que le commerce illicite soit encore plus intense d'autant plus que les trafiquants opèrent dans toute l'Afrique Centrale et partout en Afrique où cet animal vit.

Je lance dont ici un appel aux autorités et surtout au fond de protection de l'environnement et des espèces animales et autres associations afin que des mesures soient prises assez vite pour empêcher l'extinction de ces animaux. D'autant plus que le pangolin est un animal humble qui ne met au monde qu'un seul petit. Avec une espérance de vie relativement courte (13 ans) il est très facile pour cette espèce de disparaître si rien n'est fait.

En Asie, c'est lorsque le nombre faramineux des pangolins tués était sans cesse croissant qu'une mesure a été prise pour limiter et interdire la chasse de cet animal. Il faut relever que ces braconniers en col blanc se sont tournés vers l'Afrique, un continent déjà pauvre où un tel commerce ne pouvait que donner à un certain nombre l'ombre potentielle d'une réussite future. Or, l'homme recherche ses intérêts et dans un pays où le sous-emploi et la pauvreté sont courants et l'échec fustigé, vous pouvez comprendre que tous ceux qui seront au courant de l'existence d'un tel marché n'hésiteront pas à s'y mettre. Ils se contenteront de chasser ; personne ne fera le calcul pour évaluer le nombre de pangolins disparu dont il est le responsable direct ou indirect. Tous se contenteront d'évaluer leurs gains, de faire des projets et d'accroitre le nombre de tonnes qu'ils livreront. En poursuivant ce commerce, chaque fois qu'il entrera dans la brousse, il lui sera facile d'en ressortir avec d'autres animaux interdits de chasse comme des gorilles et tenez-vous tranquille, il ne s'agit pas des gorilles adultes, mais des jeunes et des petits gorilles qui sont sensés assurer la pérennité de l'espèce. Si ce n'est l'un de ces animaux paisibles qui fuient incessamment l'homme qui est descendu de son arbre, ce sera un éléphant, mort, privé de ses ivoires que l'homme aura sur sa conscience. Mais en fait, en matière de conscience, ils n'en ont aucun lorsqu'ils tuent des animaux. Les livres d'histoire, les contes, les légendes et la télévision, nous ont tellement appris que les animaux étaient une espèce inférieur à nous. Qu'ils ne pensaient pas, qu'ils n'agissaient que d'instinct. Qu'ils étaient dépouillés de tout sentiment à telle enseigne qu'il est inutile d'en avoir soi-même lorsque l'on les abat « comme des chiens ». Quoi qu'il en soit, n'est-ce pas la souffrance que peut ressentir un proche qui fait naître en nous des sentiments de pitié et encourage à l'entraide ? Dites-moi juste que l'animal que vous tuez ne ressent aucune douleur et je donnerais mon feu vert pour les abattre tous si on le veut. L'animal s'est résigné depuis des siècles à la loi dite de la jungle. Mais là encore, on ne tue que pour manger ou pour se défendre. Jamais pour orner son territoire à l'aide de la peau ou des os d'un de ses congénères ; jamais pour s'enrichir.

En fait de se défendre, le petit pangolin est complètement inoffensif pour l'homme, tellement inoffensif que, même avec une masse de 35 kg, il se contente de se nourrir de termites et de fourmis.

D'un autre côté, le risque sur l'écosystème pourrait être irréversible à long terme. L'on m'a toujours parlé de la chaîne alimentaire et dès lors, j'ai compris que s'il y a une faille dans la chaîne, ou s'il y a un seul maillon qui manque, ce pourrait être le signe qui augurera une catastrophe qui serait, d'une manière ou d'une autre, désastreuse pour l'homme.

C'est dont aujourd'hui que doivent se prendre les mesures pour la protection de cette espèce en Afrique en général et particulièrement au Cameroun.

Je ne fais partie d'aucune organisation pour l'instant, mais je reste ouvert à tous ceux qui voudrais des informations ou qui me commanderaient une étude. Je ne pense pas non plus qu'il faille appartenir à une ONG pour s'engager fermement pour la paix ou la protection de la nature. À mon humble avis une fois de plus, chacun d'entre nous est responsable de son environnement, végétaux, animaux et hommes. Et la prise de conscience d'un combat sérieux commence par un choix judicieux. Pourquoi pas celui de refuser de manger la viande d'un animal interdit de chasse ou d'orner sa demeure d'un élément appartenant à un animal menacé d'extinction. Oui, un combat sérieux est possible, un changement est possible, mais il doit commencer quelque part ; pourquoi pas chez toi ? Pour que les mentalités changent, il est nécessaire de comprendre le bien-fondé de chaque lutte afin que les animaux ne soit plus pour nous des êtres inférieurs qui ne méritent qu'un coup de pied, mais des amis qui mérite autant que notre prochain notre estime, notre attention et notre respect.


NB: cet article a été lu plusieurs milliers de fois, il serait temps de le faire profiter à nos amis qui parlent d'autres langues. Merci à celui ou celle qui voudrait bien me contacter pour la traduction.

 

Péguy TAKOU NDIE

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