les guerres de religion
Complainte de l’exilé : les guerres de religion
Je suis loin de chez moi
Loin des guerres de religions qui y sévissent
Loin des tueries de mes frères
Loin de la vengeance des musulmans
Loin de la vengeance des chrétiens
J’ai fui le bruit infernal des armes à feu
Qui déchire le ciel trouble de mon pays
J’ai fui les claquements des machettes sur les peaux
Qui me rappelaient les guerres médiévales
J’ai fui la colère des hommes tout aussi noirs que moi
Qui se déchainait sur mes voisins sans défense.
J’ai fui les coups violents des bâtons qui transperçaient
La peau de mes frères comme la hache du bucheron
Déchire l’écorce des arbres tropicaux.
Aujourd’hui, je suis loin de toi ô mon pays
Mais je n’ai pas oublié…
Je n’ai pas oublié le sang de mon petit frère
Sortant en jet de son cou à moitié mordu par une lame chrétienne
Je n’ai pas oublié mes vêtements trempés par son jeune sang
Je n’ai pas oublié son regard interrogateur
Face auquel je ne trouvais aucune réponse.
Je n’ai pas oublié cette herbe surprise
Par le sang rouge de mes proches
Ruisselant d’un poignard musulman
Je n’ai pas oublié les cris d’angoisse et de reproches
De ceux qui se sont refugiés dans les forêts
Je n’ai pas oublié les cris d’agonie
De ceux qui ont tout quitté
De ceux qui ont quitté leur maison et leur nid
Construits avec peine et douleur
Je n’ai pas oublié les incendies
Qui dépeçaient sans vergogne les biens et les affaires
Rassemblés avec patience et persévérance durant tant d’années.
J’ai entendu parler des milices qui se forment pour tuer
J’ai entendu parler de ceux qui courent les rues
Pour mettre un terme à la vie de leurs frères
Comme la sécheresse débarrasse les arbres de leurs feuilles.