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Extrait du livre Les retrouvailles

Publié le par Peguy Takou Ndie, Ecrivain

 

 

Pauvreté en Afrique

  • Mon cher ami, j’imagine que tu penses que je joue simplement une comédie. Tu as toujours vécu dans l’abondance, et la pauvreté pour toi est une notion inventée pour escroquer ceux qui ont le cœur tendre. Je sais que tu ne te laisses pas attendrir et bien qu’on te parle de crise alimentaire et de famine, tu ne te sens pas concerné. Bien que tu entendes parler de pauvreté et de misère dans le monde, surtout dans la corne de l’Afrique, cela ne te dit pas grand-chose. Tu t’imagines mal qu’un homme puisse vivre de moins d’un seul repas par jour voire tous les deux jours et quoiqu’on te le martèle, tu ne le vois pas. Eh bien, laisse-moi te dire que si tu peux prêter foi à mes paroles, tu dois écouter ce que j’ai à te dire. Pour comprendre ce qu’est la pauvreté, je me sens certes gêné de vous dire certaines choses, mais vous êtes mes amis et je vous aime…

 

Vous entendez chaque jour parler de misère, mais si vous n’avez pas encore côtoyé cette misère, sachez que vous n’en savez rien. Elle fait partie des fléaux dont il faut faire une expérience personnelle pour mieux les saisir. Vous avez l’habitude de passer en ville dans vos grosses voitures aux vitres fumées, en regardant de travers ces pauvres qui mendient sur le trottoir ou en poussant un goulot de mépris à la vue des enfants sans famille qui se débrouillent dans la rue. Ces enfants qui frappent à votre vitre pour vous proposer des friandises, qui dorment sous le froid du soir, bercés par les chants sans mélodie de la nuit noire qui étend son ombre jusque dans leur âme. Vous regardez sans voir mes amis, ces enfants qui, avant l’adolescence, se retrouvent chacun soutien de famille. Ces petits qui sacrifient leur enfance et leur jeunesse pour une famille dont ils se trouvent sans le vouloir et malgré leur âge, les mamelles nourricières. Vous regardez sans voir ceux-là qui n’ont nulle part où aller et deviennent ceux que vous appelez du bout des lèvres enfants de la rue. Pour vous, ne sont-ce pas des personnes répugnantes qu’il vaut mieux ne pas contempler parce qu’ils ne sont ni de votre rang ni de votre sang ? Moi qui suis votre ami, laissez-moi vous dire que je côtoie ces gens tous les jours, de telles situations je les connais, pour tout dire, j’y suis enfermé. Savez-vous ce que peuvent ressentir des parents pauvres qui ont malgré tout des enfants ? Je vous dis que ce sont les hommes les plus malheureux dont la terre soit faite, surtout s’ils ont une conscience comme moi.

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